Découverte de momies : une lignée humaine ancienne révèle ses secrets
Par Luis Prada .Publié le
2025/09/24 12:46
Une découverte révolutionnaire dans le Sahara met en lumière une lignée humaine inconnue, remettant en question les théories de l'évolution.
Les études modernes en archéogénétique offrent des outils révolutionnaires pour reconstruire l'histoire de l'humanité ancienne, révélant de nouvelles vérités sur les schémas de migration, les échanges génétiques entre les populations et le développement des civilisations. Dans ce contexte de recherche, une découverte archéologique unique au cœur du Sahara a mis en lumière un groupe humain mystérieux, réécrivant notre compréhension de la manière dont les connaissances ont été transmises et de l'impact de l'isolement géographique sur la composition génétique de l'homme ancien.
Entre 14 800 et 5 500 ans avant notre ère, durant la période appelée « l'humide africain », ce qui est aujourd'hui le Sahara était une savane luxuriante. On y trouvait des lacs, des zones humides, des arbres et, apparemment, un groupe d'humains mystérieux dont l'ADN ne correspond à aucun humain moderne.
L'équipe menée par l'archéogénéticienne Nada Salem, de l'Institut Max Planck, a découvert deux momies féminines dans l'abri sous roche de Takarkori, dans le sud-ouest de la Libye. Elles sont datées de 7 000 ans. En analysant leur ADN ancien, les chercheurs ont découvert que ces femmes n'étaient pas génétiquement subsahariennes. Elles appartenaient à une lignée nord-africaine jusqu'alors inconnue, qui s'est séparée des populations subsahariennes bien avant que les continents ne soient nommés.
Cette lignée génétique semble être restée plus ou moins isolée pendant des milliers d'années, à travers l'une des périodes les plus dynamiques du développement humain. Alors que la plupart des scientifiques pensaient que l'agriculture et l'élevage se propageaient par vagues de migration successives, l'histoire de Takarkori raconte le contraire. Il semble que l'élevage se soit propagé par « diffusion culturelle » plutôt que par « échange génétique ». Ces populations ont adopté le pastoralisme comme les tendances d'aujourd'hui se répandent sur TikTok ou Instagram, sans que des groupes extérieurs ne s'installent pour leur apprendre. Des cultures et des peuples d'origines diverses se sont mélangés et ont naturellement échangé des idées. Le changement ne leur a pas été imposé de force.
L'ADN des femmes de Takarkori les relie aux chasseurs-cueilleurs de la grotte de Taforalt, au Maroc, un autre groupe ancien d'Afrique du Nord avec une composition génétique tout aussi unique. Ces deux populations ne possédaient que très peu d'ADN de Néandertal – moins que les populations non-africaines, mais plus que les populations subsahariennes de l'époque.
Cet isolement peut être attribué à la géographie. Le Sahara vert n'était pas une étendue plate. Il était parsemé de lacs, de montagnes, de forêts et de déserts, tous regroupés. Ces barrières naturelles ont probablement maintenu les groupes humains séparés assez longtemps pour que leurs gènes se diversifient dans différentes directions.
Notez ce sujet