Le Doomscrolling mène-t-il à la pourriture cérébrale ?
Par Futurism .Publié le
2025/07/25 17:54
Le terme familier "Brain Rot" (littéralement "pourriture cérébrale") a longtemps décrit l'état d'esprit confus provoqué par une consommation excessive de contenu numérique. Mais ce qui n'était qu'une blague ou une description superficielle des effets de notre défilement infini sur des plateformes comme TikTok, est désormais devenu un sujet de préoccupation scientifique sérieuse.
L'immersion constante dans le monde des écrans pourrait-elle non seulement distraire notre attention, mais aussi altérer physiquement notre cerveau ?
Le quotidien espagnol El País rapporte qu'un corpus croissant de preuves scientifiques, accumulées au cours de la dernière décennie, suggère que la consommation de contenu abrutissant – allant des flux algorithmiques des réseaux sociaux aux nouvelles sensationnalistes – peut littéralement réduire la matière grise de notre cerveau. À cela s'ajoutent d'autres effets néfastes, tels que la diminution de la durée d'attention et l'affaiblissement de la mémoire.
Le "Doomscrolling", une ingénierie de la dépendance
Le plus insidieux dans tout cela ? Ces symptômes sont souvent intentionnellement conçus. L'exemple le plus flagrant est l'intégration du défilement infini dans les applications, dont le but est de nourrir notre désir compulsif de consommer du contenu sans fin, un phénomène baptisé "doomscrolling".
Michoel Moshel, auteur principal d'une méta-analyse de 2023 documentant les impacts neuropsychologiques de l'utilisation désordonnée des écrans, a déclaré à El País : "Le 'doomscrolling' peut considérablement altérer l'attention et les fonctions exécutives en submergeant notre concentration et en modifiant la façon dont nous percevons le monde et y réagissons."
Selon Moshel, chercheur à l'Université Macquarie, le "doomscrolling" est une conséquence "de la tendance naturelle de notre cerveau à rechercher la nouveauté, surtout lorsqu'il s'agit d'informations potentiellement nocives ou alarmantes, une caractéristique qui nous a autrefois aidés à survivre."
Un état dissociatif et ses conséquences
Certaines recherches ont suggéré que cette consommation numérique passive induit un état dissociatif, ce qui explique pourquoi nous perdons souvent la notion du temps lorsque nous sommes absorbés par nos téléphones.
Une étude de 2023, menée auprès d'environ 1 100 personnes, a révélé que la consommation compulsive de contenu numérique pouvait entraîner des conséquences négatives sur la santé physique et mentale, notamment des niveaux de stress élevés. Le chirurgien général des États-Unis a même mis en garde contre l'utilisation des réseaux sociaux par les moins de 13 ans.
Eduardo Fernández Jiménez, psychologue clinicien à l'Hôpital La Paz de Madrid, explique que ces sites et applications nous bombardent constamment de stimuli rapides et variés, nous obligeant également à changer constamment de focus.
À long terme, a-t-il précisé à El País, cela dégrade notre capacité à nous concentrer sur une tâche unique pendant de longues périodes. "C'est ce qui est lié aux processus d'apprentissage scolaire."
Les altérations physiques du cerveau
Les effets physiques sur le cerveau sont peut-être les plus alarmants. Dans les régions cérébrales impliquées dans la prise de décision, le traitement de la récompense et le contrôle des impulsions, la méta-analyse de Moshel a indiqué qu'une utilisation excessive d'Internet était liée à une diminution du volume de matière grise.
"Ces changements reflètent des schémas observés dans les dépendances aux substances", a déclaré Moshel à El País, les comparant aux ravages causés par les méthamphétamines ou l'alcool.
Il est donc peut-être temps de poser ce téléphone, du moins si la "pourriture" n'a pas encore totalement pris le dessus.
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