L'enfant du milieu : une personnalité plus humble, équitable et honnête, révèle une étude
Par Brittany Wong .Publié le
2025/04/10 21:21
La théorie de l'ordre de naissance continue de fasciner le web : les aînés sont-ils réellement les pionniers indépendants que l'on décrit ? Les enfants du milieu sont-ils ces artisans de la paix que l'on semble oublier, ou est-ce une réalité propre à certaines familles ? Les benjamins sont-ils aussi décontractés que le cliché le suggère ? Autant de questions qui taraudent également les chercheurs en sciences sociales.
Une nouvelle étude menée par des universitaires canadiens s'est penchée sur l'influence de l'ordre de naissance et de la taille de la famille sur les traits de personnalité. Leurs conclusions, publiées récemment, semblent confirmer certaines des stéréotypes tenaces concernant la fratrie.
Les professeurs de psychologie Kibeom Lee, de l'Université de Calgary, et Michael Ashton, de l'Université Brock à St. Catharines, Ontario, ont ainsi mis en lumière une caractéristique notable des enfants du milieu : ils obtiennent des scores significativement plus élevés en matière de coopération et de modestie, comparativement à leurs aînés, leurs cadets et les enfants uniques. L'étude révèle également que les individus issus de familles nombreuses tendent davantage à manifester ces qualités.
Cette recherche se distingue par son approche, car la majorité des travaux antérieurs suggéraient que l'ordre de naissance n'avait pas d'impact significatif sur la personnalité à l'âge adulte. De plus, peu d'études s'étaient intéressées à l'influence de la taille de la famille sur les traits caractériels, souligne le professeur Lee.
"Lorsque nous avons commencé à collecter des données sur la personnalité en ligne il y a une dizaine d'années, nous avons décidé d'inclure l'ordre de naissance dans notre enquête", explique le professeur Lee à HuffPost. "À notre surprise, nous avons constaté que certains traits de personnalité étaient bel et bien liés à l'ordre de naissance, ce qui nous a incités à explorer ces schémas plus en profondeur."
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur le modèle HEXACO, un cadre psychologique qui évalue six dimensions fondamentales de la personnalité : l'honnêteté-humilité, l'émotivité, l'extraversion, l'agréabilité (ou amabilité), la conscience professionnelle et l'ouverture à l'expérience.
Les données analysées proviennent de deux vastes ensembles recueillis via un test de personnalité HEXACO en ligne. Le premier échantillon comprenait plus de 710 000 adultes, tandis que le second regroupait environ 75 000 participants, majoritairement anglophones et originaires de pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
Les participants ont également été invités à indiquer leur ordre de naissance. Dans le second échantillon, les volontaires ont précisé le nombre d'enfants dans leur famille, une donnée que les spécialistes appellent la "taille de la fratrie".
Après avoir contrôlé des facteurs tels que l'âge, le sexe et la pratique religieuse – susceptibles d'influencer les résultats –, les professeurs Lee et Ashton ont observé que les enfants du milieu obtenaient les scores les plus élevés en honnêteté-humilité et en agréabilité. En d'autres termes, ceux qui naissent au milieu de la fratrie se montrent particulièrement coopératifs, justes et sincères dans leurs interactions avec autrui.
Qui arrive en deuxième position pour l'équité ? Les benjamins. Les aînés se classent troisièmes dans cette catégorie, tandis que les enfants uniques obtiennent les scores les plus bas.
Il semblerait que plus une famille compte d'enfants, plus les individus doivent développer un sens de l'équité et de la coopération.
"Nous avons constaté qu'en moyenne, l'honnêteté-humilité et l'agréabilité augmentaient en fonction de la taille de la famille, passant des familles à enfant unique à celles comptant six enfants ou plus", précise le professeur Ashton.
"Nous pensons que grandir avec plus de frères et sœurs implique un besoin plus fréquent de coopérer, de partager et de respecter son tour, ce qui conduit à des niveaux légèrement plus élevés de ces aspects 'coopératifs' de la personnalité", ajoute-t-il.
Le professeur émet cependant quelques réserves. Il souligne que ces différences moyennes sont relativement faibles et que de nombreuses personnes font exception à ces tendances : tous les enfants du milieu ne sont pas des saints, et les aînés ainsi que les enfants uniques peuvent également être altruistes et humbles.
De plus, l'étude s'est limitée aux fratries des pays anglophones. Les professeurs Ashton et Lee envisagent de mener de futures recherches auprès de populations non occidentales afin de vérifier si ces conclusions se vérifient dans des contextes culturels où les dynamiques familiales et les styles parentaux diffèrent.
Les enfants uniques ne sont pas en reste. Les chercheurs ont découvert que les personnes sans frères ni sœurs présentaient un niveau légèrement plus élevé dans la dimension de la personnalité appelée "ouverture à l'expérience" – en particulier, ils se distinguent par une plus grande curiosité intellectuelle. La même observation vaut pour les aînés, bien que dans une moindre mesure.
Source : HuffPost
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