Un édulcorant prisé des diabétiques associé à des risques accrus d’AVC et d’infarctus
Par Noor Al-Sibai .Publié le
2025/12/24 02:40
Décembre. 24, 2025
Un substitut de sucre omniprésent, particulièrement dans les produits destinés aux personnes diabétiques, pourrait s’avérer plus délétère que bénéfique.
Selon une récente étude publiée dans le Journal of Applied Physiology, des chercheurs de l’Université du Colorado à Boulder ont mis en évidence les dangers de l’érythritol. Ce composé organique, utilisé par des marques telles que Wholesome, Truvia ou Splenda pour leurs produits à base de stevia, pourrait endommager les cellules cérébrales et augmenter significativement le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de crise cardiaque.
Du statut de "solution idéale" à celui de risque sanitaire
Issu de la fermentation du maïs et approuvé par la FDA (agence américaine des médicaments) dès 2001, l’érythritol a longtemps été paré de toutes les vertus. Avec un pouvoir sucrant proche du sucre de table sans impact notable sur la glycémie ou l’insuline, il s’était imposé comme l’alternative de choix pour les patients diabétiques.
Pourtant, les travaux des chercheurs de Boulder suggèrent que ce polyol (sucre d’alcool) serait presque aussi nocif que l’aspartame. Ce dernier, pilier des boissons "light", a été classé "peut-être cancérogène" par l’Organisation mondiale de la Santé et fait déjà l’objet de soupçons quant à son rôle dans les pathologies cardiovasculaires.
Une altération profonde des fonctions vasculaires
Pour approfondir une étude de 2023 qui liait déjà une forte concentration d’érythritol dans le sang à des risques accrus d’accidents vasculaires, le professeur Christopher DeSouza et la doctorante Auburn Berry ont analysé les mécanismes cellulaires en laboratoire.
Les chercheurs ont exposé des cellules endothéliales (qui tapissent les vaisseaux sanguins du cerveau) à des doses d’érythritol équivalentes à celles contenues dans une boisson sans sucre standard. Les observations sont alarmantes :
Déficit en oxyde nitrique : Une baisse drastique de cette molécule essentielle à la dilatation et à la relaxation des vaisseaux.
Surproduction d’endothéline-1 : Une hausse anormale de cette protéine vasoconstrictrice qui rétrécit les vaisseaux.
Stress oxydatif : Une libération massive de radicaux libres, responsables de l’inflammation et du vieillissement prématuré des tissus.
Réaction anormale à la thrombine : Les cellules ont montré une réponse "nettement émoussée" face à ce composé pro-coagulant, signe d’un dysfonctionnement majeur.
« Pour résumer : si vos vaisseaux se contractent davantage et que votre capacité à dissoudre les caillots sanguins diminue, votre risque d’AVC monte en flèche », a expliqué Auburn Berry lors de la présentation des résultats.
Un appel à la vigilance
Ces effets biologiques majeurs ont été observés après l’ingestion d’une seule boisson. Pour les consommateurs réguliers, l’impact inflammatoire pourrait être bien plus sévère, prévient le professeur DeSouza.
« Au regard des données épidémiologiques et de nos découvertes cellulaires, il nous semble prudent de limiter la consommation de ces édulcorants non nutritifs », insiste l’universitaire.
Il recommande ainsi une lecture attentive des étiquettes à la recherche de la mention "érythritol" ou "polyol". Un conseil d’autant plus crucial que les personnes diabétiques présentent déjà, statistiquement, un risque deux fois plus élevé d’AVC que le reste de la population.
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