Les cités
Par Alamir Kamal Farag .Publié le
2025/04/16 10:40

Avril. 16, 2025
Alamir Kamal Farag*
ـ Traduit par Soubhi Daqouri
Les cités ont leur récit,
Et les minarets leur majesté.
Le sanctuaire sur le pont, coiffé de son dôme circulaire,
Se dévoile,
Sélectionne les passants,
Séduit les aspirants.
Essuie ton front,
Offre les offrandes,
Balance-toi,
Écoute le murmure des derviches,
Les confidences des gens du peuple,
Jusqu’à l’aube qui se lève.
Remets le voile de l’amour,
Le sceau de l’innocence,
Dans une prière fervente,
Et ôte tes sandales...
Notre Seigneur,
Marche doucement
Lors de la visite.
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Les cités ont leur sagesse,
Fais la paix,
Protège le sang des tribus,
Bakr et Taghlib,
Sauve "le mirage" de la Bassous.
Les âmes reviennent,
Les villages verdissent,
La lumière pénètre par l’éclat de Jupiter,
Monte sur le dos du vent,
Efface les péchés,
Captive les cœurs,
Dissipe les guerres
Et proclame le début de la civilisation.
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La ville a sa bienveillance,
Elle choisit qui elle aime,
Elle nous accompagne chaque nuit,
Et nous offre tout.
Elle nous berce comme une mère,
Nous rassemble comme une ombre bienveillante.
Sur le seuil des maisons,
Elle dépose les prières ferventes,
Et accorde aux pauvres la bonne nouvelle.
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La ville a sa perspicacité,
Elle dévoile le caché,
Le faux,
Comme une voyante qui lit les lignes des mains.
Elle efface tous les visages,
Dévoile le secret des adresses
Et des identités empruntées.
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Les cités ont leur miséricorde,
Elles donnent du pain et du sel
Aux humbles,
Distribuent leurs vêtements aux démunis,
Allègent la rudesse du froid,
Caressent la tête des orphelins
Et accordent l’asile aux nécessiteux.
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La ville a sa dureté,
Les gens sortent à l’aube,
Dans la quête du pain,
Dans les charrettes des villages, tous sont égaux,
Chacun lutte,
Chacun endure,
Mâche l’amertume.
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Les cités, portes ouvertes au désir et à la subsistance,
Les camions d'arrosage balayent le visage des rues,
Le soleil caresse les façades des boutiques,
Les murs de chaux s’élèvent,
Jouent une ode au tumulte ambiant,
Au rythme d’une matinée contée et d’un jeu de dés.
Le bruit des disputes résonne.
Là-bas, le vieux marchand,
Au début du marché,
Pousse son âne vers la ruelle.
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La ville a son rire,
Ses enseignes sa joie,
Les oiseaux scrutent leur pitance,
La belle observe ses prétendants,
Le train nous assaille de son sifflement,
Les visages se fondent dans la foule,
La bataille du siècle débute,
Le voleur guette le signal.
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La ville a son charme,
La belle danse entre la mort et le son,
Les lampes se dressent autour,
Comme des papillons voletant dans l’éclat lumineux,
Séduits,
Sur l’autel de l’amour, ils chutent,
Vaincus par les envoûtantes,
Vaincus par la fascination.
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Les cités, creuset de pureté et de vice,
Offrent leur pain aux passants,
Offrent leur tentation aux amants.
Et à la fin de la nuit, elles effacent tout fard,
Au matin, elles renaissent des cendres,
Nous lavent de rosée et de pluie,
Et purifient nos cœurs de leurs souillures.
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* Alamir Kamal Farag est un poète, critique et journaliste égyptien. Il a publié de nombreuses œuvres, dont les recueils de poésie "La sirène" et "Chansons pour la dame de beauté". Parmi ses ouvrages critiques figurent "L'exil égyptien" et "Le poème arabe… étapes de développement et de renouvellement".
Il est également éditeur et rédacteur en chef des journaux Al-Sahafa, Bonjour et See You, et il contribue à l'enrichissement de la culture arabe depuis quarante ans.
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