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Les boîtes à livres : un accès libre à la culture


Par Delphine Catalifaud .Publié le
Les boîtes à livres : un accès libre à la culture
Décembre. 31, 2024
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Véritables micro-bibliothèques de rue, les boîtes à lire permettent d’emprunter, de déposer et échanger des livres gratuitement, 24 h/24. En ruralité, elles facilitent l’accès à la culture et à la lecture. Avec une soixantaine de boîtes, la Haute-Marne a adopté le concept.

Au détour d’une rue, dans les villages, parfois même en plein cœur de ville, elles appellent à s’arrêter, à feuilleter. A lire. Les boîtes à lire, c’est d’elles dont il s’agit, fleurissent un peu partout en France. Le concept ? Favoriser l’accès à la culture et à la lecture, le plus souvent en ruralité, et donner une seconde vie aux livres. Dans l’Hexagone, le site boite-a-lire.com, issu du groupe Recyclivre, leader du marché du livre d’occasion en ligne, recense à ce jour 8 770 boîtes. La Haute-Marne, rurale, se prête parfaitement à leur implantation.

En tout, une soixantaine de boîtes à lire accompagnent déjà les lecteurs haut-marnais, du sud au nord. A Bourbonne, par exemple, l’association Créa Bourbonne en a fabriqué deux de ses mains, l’une dans le parc des sources, l’autre place de la Libération. Une troisième est en attente de finition. « Il s’agit de deux cabanes de plage, initialement commandées par la mairie pour décorer les entrées de ville en 2018, raconte Tony Aarnink. Nous les avons recyclées en boîtes à lire. Tout est fabriqué à partir de palettes. Nous avons récupéré de la peinture pour les rénover, nous avons consolidé les étagères et nous avons créé un toit en plastique. Les voilà reparties pour une nouvelle vie ».

Fabrications artisanales et détournement d’objets

Tony Aarnink est le fleuriste de l’Edelweiss et s’occupe de la boîte à lire située en face de son magasin. Une fois par semaine, il se rend sur place pour vérifier que tout est en ordre. En moyenne, une quarantaine de livres tournent sur les rayonnages. « Tout le monde y va, de la commune ou pas, et les curistes de passage à Bourbonne prennent le temps de flâner », poursuit-il.

Chez Recyclivre, les boîtes à lire se veulent artisanales aussi. Mais l’idée est tout de même devenue un marché lucratif, à raison d’un coût de fabrication entre 600 et 1 500 € l’unité. « Nous travaillons avec des ateliers et des chantiers d’insertion », argumente-t-on du côté de la marque. « Il est aussi question de réemploi des matériaux pour éviter le gaspillage ».

Boîtes à lire de luxe, en bois traité, ou cabanes insolites, comme à Poissons, où la commune a opté pour la réutilisation et la transformation d’anciennes cabines téléphoniques, chacun trouve ses astuces pour satisfaire la soif de lecture de ses habitants.


Des livres triés et vérifiés

A Chalindrey, le concept ravit, au point que la boîte déborde parfois. « Les livres changent souvent car il y a beaucoup de passage. Nous avons des ouvrages pour tous les âges, des revues, des romans. L’objectif, c’est de maintenir la qualité en triant régulièrement et en éliminant les livres en mauvais état ou qui sentent mauvais », explique Emilie Foussadier, professeur de français au collège de Chalindrey et 3e adjointe de la commune, en charge du CCAS, de la communication et du patrimoine. « Il est également important d’ôter les ouvrages inadaptés, comme des livres à caractère sexuel ou qui font du prosélytisme ».

Ce service demande ainsi à être encadré. « J’y vais régulièrement vérifier la qualité de ce qui est proposé », confie ainsi Agnès Couvreux, à l’origine de l’armoire à livres de Juzennecourt. Il est aussi parfois la cible de personnes mal intentionnées. Même si les cas semblent rares sur le département, les boîtes à lire de Chalindrey et de Chamouilley ont ainsi été récemment vandalisées, ce qui pose inévitablement la question de leur maintien.

Néanmoins, le service, quand il est respecté, cumule aussi les vertus. Gratuit, il permet à chacun d’accéder à des ouvrages parfois coûteux. Il crée aussi du lien social.
Compléter les bibliothèques ou combler leur absence

« Le principe, c’est de prendre des livres mais aussi d’en redéposer d’autres qu’on aurait déjà lus ou dont on ne voudrait plus chez soi », rappelle Sandrine Aubertot, secrétaire de mairie à Jonchery. Sa commune a la chance de posséder une bibliothèque, mais toutes n’en sont pas dotées. En zones rurales, c’est donc une façon de combler le manque, avec un bénéfice bien réel.

« Et encore, même quand il y a une bibliothèque à proximité, il n’y a pas de concurrence », tranche Sylvie Mathieu-Ferres. Bibliothécaire à Chalindrey, elle assume être, aussi, une utilisatrice adepte de la boîte à livres. « C’est accessible à tous, n’importe quand. Le concept permet à des gens qui n’osent pas pousser la porte d’une bibliothèque d’accéder à la lecture », poursuit-elle. « Moi, j’y vais régulièrement avec ma petite-fille et elle trouve souvent son bonheur ». Parfois, ce sont même les bibliothèques qui alimentent en direct les rayons, au moment de renouveler leur fonds.

Preuve que le concept est porteur : plusieurs enseignes de grandes surfaces ont opté pour la mise en place de ces micro-bibliothèques. Sur le territoire national, les magasins Vival ont ainsi implanté 300 boîtes, baptisées « VivalLivres ». « Ceci crée du lien entre nos commerçants et leurs clients, du lien entre les clients eux-mêmes et cela participe à la promotion de la lecture », indique-t-on au service communication de l’enseigne. En Haute-Marne, Doulevant-le-Château ou encore Vaux-sous-Aubigny sont concernés.

* Citation de : JHM

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