Orsay : de la gare au temple de l'impressionnisme
Par Claire Beghin .Publié le

Janvier. 01, 2025
Alors que le Musée d’Orsay s’apprête à s’agrandir, Vogue revient sur l’histoire de ce temple des impressionnistes, ancien palais transformé en gare, puis en théâtre, avant d’accueillir une impressionnante collection qui ne cesse de s’agrandir.
Le Musée d’Orsay voit grand pour la nouvelle décennie. Suite à un don américain anonyme de 20 millions d’euros, Laurence des Cars, sa présidente, a annoncé le 5 mars dernier le lancement d’Orsay Grand Ouvert. Au programme : l’ouverture, d’ici 2024, d’un centre d’éducation au 4ème étage du musée, dédié à « l’apprentissage, aux pratiques artistiques et au partage des connaissances à usage des publics scolaires, des associations et des familles », et d’un nouveau centre de recherche et de ressources qui prendra place quai Voltaire, dans les locaux de l’ancienne Documentation Française. Une nouvelle aile d’exposition de 1 200 m2, dédiée à la collection impressionniste et post-impressionniste du musée, devrait également ouvrir d’ici 2026. L’occasion de plonger dans l’histoire du Musée d’Orsay et de ses collections.
Un ancien palais incendié sous la Commune
On connait l’histoire de la gare d’Orsay, construite pour l’exposition universelle de 1900 sous la responsabilité de l’architecte Victor Laloux, qui donna au bâtiment la structure moderniste qu’il a conservée. On parle moins du lieu qui l’a précédé. Le Palais d’Orsay, édifié entre 1810 et 1838, sous Napoléon Ier, a d’abord accueilli le ministère des Relations extérieures, puis le conseil d’État et la Cour des Comptes. Jusqu’à ce qu’il soit incendié, dans la nuit du 23 au 24 mai 1871, pendant La Commune. Un événement qu’Emile Zola, décrit, dans La Débâcle, comme « immense, le plus énorme, le plus effroyable, le cube de pierre géant, aux deux étages de portiques, vomissant des flammes. »
Un théâtre éphémère
En 1972, suite à un accord passé avec la SNCF, le metteur en scène Jean-Louis Barrault installe sa troupe de théâtre dans les vestiges de la gare d’Orsay, désaffectée depuis les années 1950 à l’exception de quelques trains de banlieue. Il y installe un espace démontable de 2500 mètres carrés, où s’enchainent les représentations du répertoire classique et populaire, de Zadig au Soulier de satin en passant par Zarathoustra. Entre 1972 et 1981, la gare, qui avait déjà accueilli plusieurs tournages de cinéma, dont celui du Procès d’Orson Welles, accueille plus de 300 000 spectateurs, avant que la troupe de migre au Palais des Glaces (ancien Théâtre du Rond-Point).
Des collections qui ont fait date
Les collections de peinture du Musée d’Orsay remontent au Musée du Luxembourg, fondé en 1818 par Louis XVIII afin d'accueillir les oeuvres d'artistes vivants (puis remplacé en 1937 par le Musée d’Art Moderne). Dix ans après le décès des artistes exposés, les oeuvres étaient alors automatiquement transférées au Louvre, pour plus notables, ou à d’autres institutions. Le Musée d’Orsay compte aujourd’hui de nombreuses oeuvres de l’avant-garde de l’époque, et d’artistes dont le travail a peiné à être reconnu, notamment celles issues du legs du peintre Caillebotte, ami et mécène des impressionnistes qui, à sa mort, fait don à l’état d’une collection de plus d'une soixantaine de tableaux de Degas, Manet, Cézanne, Monet, Renoir, Sisley, Pissarro ou Millet, qui reçoit un accueil mitigé de l’administration des Beaux-Arts. C’est grâce aux exécuteurs testamentaires de Caillebotte, dont Renoir, que ces oeuvres ont finalement été exposées, répondant à la volonté du peintre que sa collection soit mise à disposition du public et non reléguée en réserves de musées. Grâce à ce legs, les impressionnistes intègrent la collection du Luxembourg, à l’origine de celle qui fera la renommée du Musée d’Orsay.
Les statues du parvis
L'Océanie de Mathurin Moreau, l'Afrique d'Eugène Delaplanche, l'Amérique du sud d'Aimé Millet, l'Amérique du nord d'Ernest Eugène Hiolle, l'Asie d'Alexandre Falguière et l'Europe d'Alexandre Schoenewerk, étaient à l’origine sur la terrasse du palais du Trocadéro (ancien Palais de Chaillot), construit pour l'Exposition universelle de 1878. C’est en 1985 qu’elles prennent place sur l’esplanade du Musée d’Orsay. De la même manière, le Cheval à la Herse de Rouillard, le Rhinoceros de Jacquemart, et l’Eléphant pris au piège de Fremiet, qui entouraient, à l’origine, le bassin du Trocadéro, sont d’abord déplacées porte de Saint-Cloud, avant de rejoindre l’esplanade du musée en 1986. À l’exception des taureaux d’Isidore Bonheur, déplacés aux abattoirs de Vaugirard.
* Citation de : vogue
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