La police redoute une vague de criminalité robotique
Par Victor Tangermann .Publié le
2025/12/22 10:20
Décembre. 22, 2025
L’usage de drones autonomes sur les champs de bataille a déjà soulevé une myriade de questions éthiques complexes. De nombreux experts et organisations de défense des droits de l’homme dénoncent l’émergence de ces « robots tueurs », pointant du doigt les risques de défaillances technologiques pouvant entraîner la mort d’innocents, sans oublier la possibilité de commettre des atrocités sans la moindre intervention humaine directe.
Cependant, une question plus alarmante émerge : que se passerait-il si une telle technologie tombait entre les mains de terroristes ou de criminels, affranchis de toutes les normes de la guerre moderne ? Dans un récent rapport, le laboratoire d’innovation d’Europol a esquissé les contours d’un futur proche où le crime organisé pourrait détourner véhicules autonomes et robots humanoïdes pour semer le chaos, contraignant les forces de l’ordre à une mutation profonde.
Horizon 2035 : Vers des crimes automatisés
Le rapport avertit qu’à l’horizon 2035, les autorités devront faire face à des « crimes robotiques ». Les drones deviendraient des outils privilégiés pour le vol, tandis que les véhicules automatisés pourraient causer des accidents piétons prémédités — une éventualité dont les prémices ont déjà été observées dans plusieurs cas isolés.
L’introduction de robots humanoïdes pourrait également brouiller les pistes. Selon Europol, ces derniers pourraient être conçus pour interagir avec les humains de manière si sophistiquée qu’il deviendrait ardu de distinguer un comportement intentionnel d’une simple erreur logicielle. Plus inquiétant encore, les robots dédiés à l’assistance médicale pourraient être piratés, rendant les patients vulnérables à des cyber-attaques physiques.
Dans une vision digne d’une dystopie cyberpunk, le rapport souligne que l’automatisation massive, en supprimant de nombreux emplois, pourrait pousser certains individus vers la cybercriminalité, le vandalisme ou le vol organisé ciblant les infrastructures robotiques pour assurer leur survie.
Une course à l’armement technologique
Pour ne pas être distancée, Europol affirme que la police doit évoluer à un rythme soutenu. Les enquêteurs devront, par exemple, être capables de déterminer si l’accident d’une voiture autonome résulte d’une défaillance technique ou d’une instruction délibérée lors d’une cyber-attaque.
Pour lutter contre ces menaces, le rapport évoque des gadgets futuristes tels que des « RoboFreezers » (fusils de congélation électronique) ou des filets équipés de grenades intégrées pour neutraliser les drones malveillants.
Bien qu’un porte-parole d’Europol ait déclaré au Telegraph que l’agence ne pouvait « prédire l’avenir », les signaux d’alerte sont déjà omniprésents. L’usage intensif de drones autonomes sur les lignes de front, notamment dans le conflit russo-ukrainien, illustre la rapidité de cette prolifération.
La « criminalité à distance »
Le rapport note que les armes de pointe « s’invitent désormais dans le crime organisé et le terrorisme ». On observe une recrudescence de l’usage de drones autour des infrastructures européennes sensibles. De plus, des pilotes de drones proposent désormais leurs services en ligne, transformant le mode opératoire criminel : nous passons du « crime en tant que service » (crime-as-a-service) au « crime à distance ».
« L’intégration des systèmes non habités dans la sphère criminelle est déjà une réalité », a déclaré Catherine De Bolle, directrice exécutive d’Europol. « Tout comme l’internet et les smartphones ont apporté leur lot d’opportunités et de défis, cette technologie fera de même. »
Un futur qui divise les experts
Si certains experts interrogés par The Verge valident la vision d’Europol, d’autres restent sceptiques quant à une révolution robotique immédiate du crime. Denis Niezgoda, responsable chez Locus Robotics, tempère : « Il existe non seulement des barrières techniques, mais aussi réglementaires avant que ces scénarios extrêmes ne se réalisent. Je ne vois pas de Robocop patrouiller dans nos rues d’ici demain. »
Entre surveillance accrue et menaces cyber-physiques, l’avenir de la sécurité publique semble désormais indissociable de l’évolution des algorithmes et de la robotique.
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