Google reconnaît la fin de l'ère du web ouvert
Par .Publié le
2025/09/11 02:02
Dans un revirement majeur, Google a admis que le "web ouvert est en déclin rapide", après avoir maintenu pendant des mois que "le web est en plein essor".
Comme l'a d'abord rapporté The Verge, le géant de la technologie a tenté de dissuader les régulateurs de démanteler son activité de technologies publicitaires. La firme a fait valoir qu'une telle décision nuirait aux éditeurs qui dépendent des revenus publicitaires pour survivre.
Devant un tribunal de Washington DC dans le cadre d'un procès antitrust, Google a soutenu que le démantèlement de son activité publicitaire ne ferait qu'"accélérer" la désintégration du web ouvert.
Cet aveu est d'autant plus singulier qu'il est dans l'intérêt de Google de minimiser le rôle considérable qu'elle joue dans l'écosystème web. L'entreprise est d'ailleurs impliquée dans plusieurs procès antitrust, où les régulateurs l'accusent de comportement anticoncurrentiel et d'avoir utilisé son influence pour prendre un contrôle sans précédent sur le web ouvert.
Plus tôt cette année, le ministère américain de la Justice a remporté une affaire antitrust distincte contre Google, prouvant que l'entreprise opérait un monopole dans le secteur de la technologie publicitaire. En août 2024, un juge a également statué que Google avait illégalement exploité sa domination sur le web pour étouffer l'innovation et écraser la concurrence.
Il est à noter que le géant de la recherche se défend. Un porte-parole a déclaré à The Verge que l'expression "déclin rapide" avait été "sortie de son contexte" et déformait le contenu du dossier.
"Nous pointons du doigt l'évidence : les investissements dans la publicité en dehors du web ouvert, comme la télévision connectée et les médias de détail, augmentent au détriment de la publicité sur le web ouvert", a expliqué le porte-parole.
Qu'elle soit sortie de son contexte ou non, le choix des mots de Google est révélateur de la situation critique dans laquelle se trouvent d'innombrables éditeurs numériques. Beaucoup d'entre eux sont devenus extrêmement vulnérables aux changements d'algorithmes de l'entreprise, voyant leur trafic et, par conséquent, leurs revenus publicitaires chuter du jour au lendemain plus tôt cette année, à mesure que Google apporte des modifications en coulisses.
Pour ne rien arranger, Google a adopté l'IA, plaçant sa fonctionnalité de "résumés par IA" (AI Overviews) — truffée d'erreurs — en haut des résultats de recherche pour décourager les utilisateurs de cliquer sur les liens. Des études ont montré que les utilisateurs de Google sont beaucoup moins susceptibles de visiter les sites web réels lorsqu'on leur présente des résumés générés par l'IA.
Sundar Pichai, PDG de Google, a tenté de faire valoir que son entreprise n'était pour rien dans la baisse majeure du trafic internet, déclarant à The Verge plus tôt cette année qu'elle "envoie définitivement du trafic vers un plus large éventail de sources et d'éditeurs" grâce à ses outils de recherche basés sur l'IA.
En plus d'accélérer la disparition des éditeurs dépendants des revenus publicitaires, les utilisateurs ont également constaté que la qualité des résultats de recherche de Google s'est considérablement détériorée. Le "contenu de mauvaise qualité" généré par l'IA continue d'inonder le web ouvert, exploitant souvent les algorithmes de l'entreprise pour se retrouver en tête des classements de recherche.
En résumé, Google est dans une position délicate : elle a joué un rôle colossal dans l'évolution de l'internet moderne, mais avec l'IA qui remodèle ce paysage, elle se retrouve avec des résultats de recherche submergés par du contenu de mauvaise qualité, tout en étant contrainte d'intégrer l'IA d'une manière qui semble embarrassante pour une entité de sa stature.
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