Une étrange théorie du complot se répand au sein d'OpenAI
Par Futurism .Publié le
2025/09/04 13:33
La paranoïa est aussi naturelle à la Silicon Valley que les injections d’acide hyaluronique le sont à Los Angeles. Dans la Baie de San Francisco, il suffit de jeter une pierre pour toucher un fondateur de start-up convaincu que tout le monde veut voler ses idées ou débaucher son personnel, une mentalité renforcée par le fait que, parfois, des entreprises tentent bel et bien de saboter leurs concurrents.
Jusqu'à ces dernières années, OpenAI et son PDG, Sam Altman, semblaient au-dessus de cette mêlée. Les prévisions optimistes d’Altman sur l’intelligence artificielle générale (AGI), le point où l'IA atteindrait le niveau de l’intelligence humaine, n’avaient rien d’une simple quête d'argent : sa compagnie était une organisation à but non lucratif dédiée au développement sécurisé de l'AGI, et le profit n'était qu'un détail.
Le virage financier d’OpenAI suscite des oppositions
Cette sérénité n’est plus qu’un lointain souvenir. Elle a été remplacée par une tentative frénétique d’OpenAI d’abandonner son statut d’organisation à but non lucratif pour devenir une entité commerciale. Ce revirement massif a naturellement attiré de nombreux opposants, du co-fondateur d’OpenAI, Elon Musk, aux législateurs californiens et aux défenseurs de la sécurité de l'IA.
Bien que leurs objectifs et leurs parcours soient différents, ces organisations, individus et institutions ne devraient pas, à première vue, faire cause commune. Cependant, selon le San Francisco Standard, Sam Altman et d’autres dirigeants d'OpenAI ont commencé à croire qu’ils travaillent de concert, financés par de mystérieux milliardaires, pour provoquer la chute de l'entreprise créatrice de ChatGPT.
Le harcèlement judiciaire de l'entreprise
Le groupe à but non lucratif Encode, qui œuvre pour la gouvernance de l’IA, a été l’une des cibles d'OpenAI. Son conseiller général, Nathan Calvin, a raconté au Standard qu'il a reçu des appels étranges pendant plusieurs jours avant de recevoir une assignation en justice d’OpenAI, remise par un shérif à Washington D.C. « Je me suis juste dit : ‘Wow, ils le font vraiment’. ‘C’est en train d’arriver’ », a-t-il déclaré.
L’assignation en justice a été émise car Encode avait déposé un mémoire en soutien aux arguments d’Elon Musk dans son litige contre OpenAI. Musk a poursuivi la compagnie en 2024 pour avoir abandonné sa mission initiale de développer l’IA pour le bien de l'humanité, au profit de gains financiers. OpenAI exigeait qu’Encode divulgue toute information sur l'implication de Musk et sur d'éventuels échanges avec lui et le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, qui aurait été sollicité pour une tentative de rachat en février.
La chasse aux « financiers » invisibles
Selon Nathan Calvin, ces documents n’existent pas. Mais pour les dirigeants d’OpenAI, de plus en plus paranoïaques, cela semble n’avoir aucune importance. Au moins deux autres organisations à but non lucratif, également actives dans la sécurité de l'IA, ont reçu des documents similaires avec le même objectif chimérique : trouver les milliardaires qui financent ce groupe disparate dans sa tentative de paralyser OpenAI.
L’entreprise est tellement engagée dans cette chasse aux sorcières que l’une de ses avocates, Ann O’Leary, a admis au Standard qu’elle cherchait à démasquer « les bailleurs de fonds qui détiennent des participations directes dans des entreprises concurrentes ». Elle a cité, entre autres, Musk, Zuckerberg, et potentiellement même les investisseurs d'Anthropic, Dustin Moskovitz (co-fondateur de Facebook) et Pierre Omidyar (fondateur d'eBay).
Une « bulle paranoïaque » aux conséquences concrètes
« Ils vivent dans une sorte de bulle paranoïaque », a commenté Calvin. « Ils sont assiégés par Meta qui essaie de débaucher leurs employés, et par Elon qui semble sincèrement vouloir les abattre. Je pense qu’ils voient des complots et des échos de leurs ennemis là où ils ne sont pas. »
Il a ajouté qu'OpenAI a « du mal à croire que nous sommes une organisation de personnes qui se soucient réellement de ça ». Le même constat pourrait s’appliquer aux groupes à but non lucratif qui ont contribué à la rédaction d’un projet de loi en Californie visant à bloquer le passage d’OpenAI au statut d’entreprise à but lucratif.
Bien que le combat soit loin d'être terminé, l’avocat d'Encode a reconnu l’impact de cette confrontation sur son organisation : « C'est épuisant pour une petite organisation et pour moi en tant qu'individu de passer autant de temps à m'occuper d'avocats et à répondre aux journalistes sur des allégations aussi stupides que fausses. »
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