Une vaste étude révèle des gains de temps dérisoires pour les travailleurs grâce à l'IA
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2025/08/07 15:23
L'utilisation des chatbots basés sur l'intelligence artificielle a connu une explosion sur le lieu de travail. Les employés de bureau ont adopté cette technologie en très grand nombre, et les dirigeants d'entreprise cherchent par tous les moyens à l'intégrer dans chaque aspect de leurs activités. Des dizaines de milliards de dollars continuent d'être investis pour construire d'immenses centres de données destinés à soutenir des modèles d'IA toujours plus gourmands en énergie.
Mais est-ce que tout cela se traduit réellement par une efficacité accrue au travail et une augmentation des salaires ?
Selon une récente étude menée par deux économistes des universités de Chicago et de Copenhague, et repérée par le magazine Fortune, la réponse n'est pas très encourageante.
Après avoir analysé les données de 25 000 travailleurs dans 7 000 environnements de travail, les chercheurs ont découvert que les utilisateurs d'IA n'économisent en moyenne que 3 % de leur temps. De plus, ils ont constaté que seulement une faible part de ces gains de productivité, entre 3 et 7 %, se traduit par une augmentation de salaire.
En clair, l'IA est loin de menacer les emplois de tous, une crainte souvent évoquée. Et elle ne rend pas non plus les travailleurs beaucoup plus productifs, malgré les nombreuses assurances de l'industrie.
"Alors que l'adoption a été rapide et que les entreprises investissent massivement pour libérer le potentiel technologique, les impacts économiques restent faibles", ont écrit les deux économistes dans leur article. "Nos conclusions remettent en question les récits d'une transformation imminente du marché du travail due à l'IA générative."
Du temps gagné... pour travailler plus
Comme le souligne The Economist, bien que de nombreux experts accusent l'IA de la hausse du chômage, les données macroéconomiques existantes suggèrent de nombreuses autres causes. Au contraire, le magazine a constaté que l'emploi dans les professions de bureau a en fait augmenté au cours de l'année écoulée.
"Les logiciels, l'écriture de code, la rédaction de tâches marketing, la création d'offres d'emploi pour les professionnels des RH... ce sont les tâches que l'IA peut accélérer", a expliqué à Fortune Anders Humlum, co-auteur de l'étude à l'université de Chicago. "Mais dans un panorama professionnel plus large, où l'IA peut toujours être utile, nous constatons des économies de temps beaucoup plus faibles."
"Je peux gagner du temps en rédigeant un e-mail avec un grand modèle linguistique, mais la question importante est : à quoi j'utilise ce temps économisé ?" a-t-il ajouté. "La tâche marginale vers laquelle je me dirige est-elle productive ?"
Ce que les travailleurs font de ce maigre temps libre supplémentaire n'est pas non plus très rassurant. Plus de 80 % des travailleurs interrogés ont déclaré utiliser ce temps pour faire plus de travail. Moins de 10 % ont affirmé avoir pris du temps libre.
Ces conclusions "suggèrent que les travailleurs ne sont pas exactement en train de frapper à la porte du patron pour demander plus de travail", a commenté Humlum.
Un retour à la réalité pour les grandes entreprises
Les signes que l'impact de l'IA sur le marché du travail a été exagéré sont bien réels. Plus tôt cette année, le PDG de Klarna, Sebastian Siemiatkowski, a admis que son approche visant à remplacer tous les agents du service client par l'IA ne fonctionnait pas. L'entreprise a révélé la semaine dernière qu'elle faisait face à des pertes nettes de 99 millions de dollars pour le premier trimestre, soit plus du double par rapport à la même période l'année dernière.
La semaine dernière, le PDG de Duolingo, Luis von Ahn, est revenu sur ses promesses initiales de remplacer tous les contractuels par l'IA, suite à une vague massive de protestations de la part des clients.
Début du mois, une enquête d'IBM a révélé que seule une petite partie des initiatives d'IA génère un retour sur investissement, après avoir interrogé 2 000 PDG.
Ces dernières conclusions agissent comme une piqûre de rappel face à l'idée que l'IA va s'emparer de tous nos emplois. Peut-être que la technologie nous rend à la fois plus efficaces, mais ne parvient pas à nous rendre superflus.
Cette conclusion met en évidence les préoccupations croissantes selon lesquelles l'IA générative pourrait finalement être une impasse technologique, comme certains experts l'ont déjà souligné. Nos emplois sont peut-être à l'abri, sans préjudice des autres facteurs sociétaux, comme les niveaux historiques d'incertitude économique.
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