Forteresse IA d'Elon Musk : un nuage toxique s'abat sur une communauté afro-américaine"
Par Politico .Publié le
2025/05/10 10:07
La société d'intelligence artificielle d'Elon Musk, xAI, est en train de construire l'un des plus grands supercalculateurs d'IA au monde à Memphis, Tennessee. Depuis sa mise en service en septembre, l'installation, baptisée "Colossus", a accumulé un arsenal impressionnant de 200 000 unités de traitement graphique Nvidia pour entraîner le chatbot de Musk, Grok.
Cette puissance exige une consommation énergétique monstrueuse, et la manière dont xAI y répond a provoqué la colère des groupes environnementaux et des habitants de Boxtown, un quartier à prédominance afro-américaine situé à seulement cinq kilomètres au sud de l'installation, rapporte Politico.
Sans obtenir de permis, la société de Musk a déployé 35 turbines portables alimentées au gaz, dont la puissance électrique combinée suffirait à alimenter une petite ville, rejetant dans l'air des polluants nocifs formant du smog, notamment des oxydes d'azote et du formaldéhyde. Et en seulement 11 mois depuis le début des opérations de xAI à Memphis, l'entreprise est devenue l'un des principaux émetteurs d'oxydes d'azote producteurs de smog dans le comté environnant, selon les estimations des groupes environnementaux examinées par Politico, affectant une zone qui détient déjà le triste record de visites d'urgence pour l'asthme dans l'État.
"Je ne peux plus respirer chez moi, ça sent le gaz dehors", a déclaré Alexis Humphreys, une habitante de Boxtown, en larmes, en brandissant son inhalateur pour l'asthme lors d'une audience publique sur les turbines le mois dernier, selon Politico. "Pourquoi je ne peux pas respirer chez moi et vous, vous pouvez respirer chez vous ?"
"xAI a essentiellement construit une centrale électrique dans le sud de Memphis, sans surveillance, sans permis et sans égard pour les familles vivant dans les communautés voisines", a déclaré Amanda Garcia, avocate principale au Southern Environmental Law Center (SELC), dans un communiqué le mois dernier.
Cette affaire est le dernier exemple en date des entreprises de Musk qui bafouent les réglementations environnementales. En août, sa société aérospatiale SpaceX a été accusée par les autorités réglementaires étatiques et fédérales d'avoir illégalement déversé des polluants dangereux dans l'eau au Texas. Tesla, le constructeur automobile de Musk, a fait l'objet d'accusations similaires pour avoir manipulé à plusieurs reprises des déchets dangereux provenant de ses installations en Californie.
Shannon Lynn, consultante environnementale de xAI, a déclaré lors d'un webinaire récent que, les turbines étant temporaires, la société n'a pas besoin de permis fédéraux pour ses émissions de polluants dangereux tels que les NOx ou le formaldéhyde, selon Politico. En août de l'année dernière, le département de la santé du comté de Shelby a également déclaré qu'il n'avait pas besoin de délivrer de permis, car l'Agence de protection de l'environnement (EPA) avait convenu qu'elle n'avait pas autorité sur les turbines à gaz, car elles étaient temporaires, a rapporté Politico.
Mais les experts ne partagent pas cet avis. Bruce Buckheit, ancien directeur de la division de l'application de la loi sur la qualité de l'air de l'EPA, a déclaré que xAI enfreint le Clean Air Act avec ses actions.
"Il faut un permis au préalable", a déclaré Buckheit à Politico. "On ne bénéficie pas de la première année gratuitement."
Garcia, l'avocate du SELC, a également trouvé l'argument du département de la santé du comté douteux. L'exemption pour les turbines temporaires est destinée aux petites machines telles que celles utilisées pour alimenter les concasseurs d'asphalte pour la construction de routes, a-t-elle déclaré.
"La position de xAI est assez suspecte - je veux dire, elles sont énormes", a renchéri John Walke, ancien avocat du bureau du conseiller général de l'EPA, auprès de Politico. "L'argument temporaire ou non temporaire n'est pas pertinent."
Face à une forte pression communautaire, xAI a déclaré en janvier qu'elle demanderait des permis pour l'installation permanente de ses turbines. À l'époque, la société affirmait qu'elle n'avait que quinze machines sur le site. Mais en mars, des images thermiques prises de l'installation par des groupes environnementaux ont montré que xAI avait en réalité 35 turbines, dont 33 dégageaient des quantités importantes de chaleur.
Bien qu'elle ait été prise en flagrant délit de mensonge, xAI continue de demander les permis. En avril, Lynn, la représentante environnementale de xAI, a affirmé que seules sept des turbines actuelles resteraient sur le site et seraient "modernisées" avec des dispositifs de réduction de la pollution. Les 28 autres turbines, a-t-il ajouté, sont simplement "temporaires" et seront retirées une fois que xAI aura terminé la construction de deux sous-stations pour fournir de l'énergie à partir du réseau électrique.
Le calendrier de cette opération, cependant, est étrangement flou. Une seule des sous-stations a reçu l'approbation. Et à ce stade, de nombreux membres de la communauté en ont assez de toute cette tromperie.
"La façon dont ils sont arrivés dans la ville, c'est comme s'ils disaient : 'Oh, vous pensez que nous sommes stupides, vous pensez que les gens de ces communautés ne sont pas capables de comprendre ce que nous faisons et qu'ils accepteront cet assaut contre leur santé sans rien dire'", a déclaré Jasmine Bernard, une habitante de Boxtown de 15 ans, à Politico.
Source : Politico
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