Chute de NaNoWriMo : quand l'IA rime avec plagiat
Par Futurism .Publié le
2025/04/03 04:00
Un quart de siècle après sa création, et moins d'un an après avoir défendu avec ferveur l'utilisation de l'intelligence artificielle dans l'écriture, l'organisation à but non lucratif derrière le Défi National d'Écriture de Roman (NaNoWriMo) annonce sa fermeture.
Kilby Blades, auteure de romans sentimentaux et directrice exécutive intérimaire de NaNoWriMo, a révélé dans une vidéo et des courriels publiés sur les réseaux sociaux que l'organisation, qui invitait les participants à achever une ébauche de roman chaque mois de novembre, mettrait la clé sous la porte en raison de problèmes financiers insurmontables.
Dans cette vidéo de près de 30 minutes, Blades a détaillé les difficultés financières rencontrées par le concours, à l'origine du best-seller "De l'eau pour les éléphants" et devenu une organisation à but non lucratif il y a six ans.
Bien que la directrice intérimaire ait abordé les accusations d'abus et d'exploitation sur les forums de l'organisation, elle a omis de mentionner le sujet brûlant : le changement de politique de l'année dernière autorisant l'utilisation de générateurs d'IA pour le défi d'écriture créative.
NaNoWriMo n'a pas seulement autorisé l'IA, mais a également affirmé que critiquer cette technologie, qui a déjà privé de nombreux écrivains et travailleurs de leurs emplois et menace d'en faire autant pour beaucoup d'autres, tout en allant à l'encontre de l'esprit fondateur du défi d'encourager l'écriture personnelle, revenait à du capacitisme.
"Nous pensons que condamner catégoriquement l'IA reviendrait à ignorer les enjeux classistes et capacitistes liés à son utilisation", déclarait l'organisation en 2024, "et que les questions autour de l'IA sont liées à des questions de privilèges".
Sans surprise, ce message a suscité une vague de critiques. Des professionnels ayant collaboré avec le concours pendant des décennies ont publiquement exprimé leur indignation.
"N'utilisez plus jamais mon nom dans vos promotions", a tweeté Daniel José Older, auteur de romans pour jeunes adultes et ancien membre du conseil d'administration de NaNoWriMo, en septembre dernier. "En fait, ne prononcez jamais mon nom et ne m'envoyez plus jamais de courriel. Merci".
Maureen Johnson, une autre ancienne membre du conseil d'administration et auteure de romans pour jeunes adultes, a mis en garde ses collègues écrivains contre les conséquences de la décision d'autoriser l'IA.
"J'encourage également les écrivains à être prudents", a-t-elle écrit dans un post Instagram, "votre travail sur la plateforme [NaNoWriMo] sera presque certainement utilisé pour entraîner des IA".
Suite à l'annonce de la fermeture, certains ont évoqué les accusations d'exploitation visant NaNoWriMo, des accusations qui, il est important de le noter, ont fait l'objet d'enquêtes approfondies et ont été traitées par l'organisation.
Cependant, les professionnels de la littérature ont vu les signes avant-coureurs de l'IA. "Tant de gens ont travaillé dur pour faire de NaNoWriMo ce qu'il était", a posté Maggie Tokuda-Hall, auteure de romans pour enfants et jeunes adultes, sur Bluesky, "et tout a été gâché pour soutenir une machine à plagiat, trahissant ainsi tout ce que NaNo représentait : la créativité illimitée des gens ordinaires".
"NaNoWriMo appartient aux écrivains, pas à une organisation traîtresse", a déclaré un autre utilisateur. "Cela a toujours été le cas, et cela le restera".
En effet, malgré toutes les difficultés rencontrées ces dernières années, NaNoWriMo a longtemps été un pilier des blogs d'écriture créative et un tremplin pour ceux qui n'avaient pas fréquenté l'atelier d'écrivains de l'Université de l'Iowa. Le pedigree n'a jamais été un facteur pour les gagnants du défi, qui ont tous remporté la victoire en écrivant au moins 50 000 mots en novembre et qui n'avaient qu'à s'inscrire à des fins de vérification.
Il est clair que l'organisation s'est égarée en cours de route, et il est triste de voir NaNoWriMo disparaître. Cela ressemble à un présage de ce qui est à venir.
Source : Futurism
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