L’IA remplace les professeurs : la colère gronde chez les étudiants
Par Joe Wilkins .Publié le
2025/11/23 18:31
Une crise sans précédent s’est abattue sur une université britannique, jetant une ombre sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Des étudiants inscrits à un programme de formation professionnelle financé par le gouvernement ont eu la stupeur de découvrir que leurs cours de codage étaient dispensés principalement par un modèle de langage large (LLM) – une intelligence artificielle – au lieu de professeurs qualifiés.
L’incident s’est déroulé à l'Université de Staffordshire. Depuis deux ans, les étudiants de ce programme ont suivi leurs cours de programmation, non pas sous la direction d'un enseignant, mais essentiellement d’un algorithme.
Le paradoxe est frappant : il est interdit aux étudiants d’utiliser des outils d’IA pour leurs travaux académiques, sous peine de mesures d’exclusion, alors que l’université elle-même s’appuie sur l'intelligence artificielle pour délivrer son contenu pédagogique.
Des leçons « génériques et superficielles »
Les détails de cet « assistant professoral » artificiel ont été révélés par le journal The Guardian. Selon l'enquête, les 41 étudiants du programme se sont plaints de leçons vocales et de diapositives manifestement élaborées par l'IA.
Les griefs des étudiants incluaient une utilisation incohérente de l'anglais américain, des noms de fichiers suspects, et une quantité surprenante d’« informations génériques et superficielles », des caractéristiques typiques des modèles d'intelligence artificielle.
James, l'un des étudiants concernés, a confié au journal son inquiétude d'avoir « gâché deux ans » de sa vie dans un programme mis en place « de la manière la moins chère possible ».
« Si nous rendions des travaux générés par l’IA, nous serions renvoyés de l’université. Or, nous sommes enseignés par une IA, » a martelé James.
Ironiquement, les directives académiques de l'université interdisent aux étudiants de « sous-traiter leur travail académique à l'IA ou à un autre être humain », sous peine de poursuites pour faute académique. Les directives précisent : « Vous pouvez utiliser des outils pour soutenir vos processus de création et d'écriture, mais le produit final doit avoir été réalisé par vous-même, et résulter de vos propres recherches et apprentissages. »
Une politique académique à deux vitesses
Malgré ces restrictions imposées aux étudiants, The Guardian souligne que les propres politiques de l'université ont été mises à jour pour justifier l'usage de l'IA dans l'enseignement, en établissant un « cadre pour les professionnels universitaires exploitant l'automatisation de l'IA ».
Un clip vidéo étrange, récemment partagé avec la publication britannique, prouve que l'utilisation de l'IA est toujours d'actualité. Dans cet extrait, une leçon vidéo commence avec une voix off générée par l'IA imitant un professeur avec un accent britannique, avant de basculer brusquement vers un accent espagnol.
Alors que cette situation perdure à l'Université de Staffordshire depuis maintenant deux ans, il semble que ce qui sépare les étudiants d'un enseignement authentique d'un enseignement généré par l'IA ne soit plus qu'une simple question de chance.
James a conclu auprès de The Guardian, avec un sentiment d'impuissance : « Je suis au milieu de ma vie, de ma carrière. Je n'ai pas l'impression de pouvoir tout laisser tomber pour recommencer une autre carrière. Je suis coincé avec ce cours. »
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