Un artiste généré par l'IA en tête des classements hebdomadaires
Par Victor Tangermann .Publié le
2025/11/04 18:06
Qu'on l'accepte ou non, la musique générée par l'Intelligence Artificielle (IA) est là, et elle s'impose rapidement comme un incontournable des célèbres classements de Billboard.
Comme le souligne le magazine de divertissement, au moins un artiste assisté ou entièrement généré par l'IA a figuré dans ses palmarès au cours des quatre dernières semaines. Une « série qui suggère une accélération rapide de cette tendance».
Parmi ces artistes virtuels figurent :
Xania Monet : un avatar créé par l'auteure-compositrice Telisha « Nikki » Jones, basée dans le Mississippi, qui a utilisé l'application de création musicale par IA, Suno.
Juno Skye : un « artiste alimenté par l'IA » produit par Nguyen Duc Nam.
C'est une dure réalité qui révèle la prolifération massive de ce que certains appellent l'« art bof » (AI slop) dans l'industrie musicale, ainsi qu'un appétit grandissant des labels pour signer des « artistes » qui n'existent pas.
Preuve en est, Xania Monet a déclenché une guerre des enchères au début du mois, certains labels proposant jusqu'à 3 millions de dollars. Cette artiste a fait ses débuts cette semaine dans un classement radio de Billboard après avoir accumulé suffisamment de diffusions. L'IA avait déjà fait les gros titres le mois dernier en entrant dans plusieurs classements Billboard avec son single « Let Go, Let God ».
Controverse et adoption des plateformes
L'utilisation de l'IA dans la musique est un sujet extrêmement controversé, d'autant plus que des applications comme Suno et Udio sont accusées de s'entraîner sur des œuvres sous droits d'auteur d'artistes humains.
Pas plus tard que cette semaine, la major de la musique Universal Music Group (UMG) a annoncé avoir conclu un accord de licence avec l'application Udio pour lancer une future plateforme de création par IA, suite à un règlement à l'amiable d'un procès pour droits d'auteur.
L'an dernier, des artistes musicaux ont signé une lettre ouverte appelant les organisations à « cesser d'utiliser l'intelligence artificielle (IA) pour enfreindre et dévaloriser les droits des artistes humains ».
Les plateformes musicales, dont Spotify, sont également inondées par ce contenu généré par IA. Face à l'ampleur du problème, Spotify a été contraint d'annoncer de nouvelles politiques visant à protéger les artistes contre le « spam, l'usurpation d'identité et la tromperie ».
Cependant, Spotify s'est abstenu d'interdire purement et simplement la musique par IA, arguant que « la musique a toujours été façonnée par la technologie » et que, « dans le meilleur des cas, l'IA ouvre de nouvelles voies incroyables pour la création et la découverte musicales ».
L'indifférence du public
Malgré la réaction publique négative à l'égard de l'IA dans la musique, la tendance gagne en popularité, comme le souligne Billboard.
Le titre à succès de Xania Monet, « Let Go, Let God » — qui traite ironiquement de l'idée de lâcher ses soucis et de faire confiance à une puissance supérieure — a cumulé 1,3 million de vues sur YouTube. Les commentaires indiquent que peu de gens se soucient du fait que l'artiste soit le produit d'une IA.
« Merci, Seigneur, pour ce message », a écrit un commentateur. « J'ai besoin que tu me guérisses de l'intérieur. »
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