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L'immigration en France change


Par Manon Derdevet .Publié le 2025/01/04 13:50
L'immigration en France change
Janvier. 04, 2025
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Selon un nouveau rapport de l'Insee, en 2021, sept millions d'immigrés vivaient en France. Plus touchés par le chômage, leurs conditions de vie restent plus dégradées que le reste de la population française.

L'immigration en France change de visage. Pour la première fois depuis dix ans, l'Insee a publié jeudi une étude sur l'évolution de l'immigration sur plusieurs générations. Un rapport intitulé "Immigrés et descendants d'immigrés" qui dépeint le profil des immigrés en France et répond aux questions de leurs origines, leurs situations sur le marché du travail ou leurs conditions de vie. D'après l'Insee, en 2021, sept millions d’immigrés résident en France, soit 10,3% de la population totale. Un chiffre qui augmente ces cinquante dernières années : en 1968, 6,5% de la population était issue de l'immigration.


Des origines plus diversifiées et une immigration en grande partie venue d'Afrique

L'immigration en France continue de se développer ces dernières décennies. Entre 1968 et 2021, le nombre d’immigrés a été multiplié par 2,2, tandis que la population française l’a été par 1,4. Les origines de ces populations immigrées se sont diversifiées. La part de ceux originaires d’Europe du Sud, en particulier d’Espagne et d’Italie, baisse, tandis que la part de ceux venant du Maghreb, notamment du Maroc, augmente. Dans le même temps, l’immigration en provenance d’Asie et d’Afrique hors Maghreb se développe. En 2021, 3.310.000 immigrés vivant en France sont originaires d'Afrique, selon l'Insee.

La France dans la moyenne européenne en terme d'immigration

La France est proche dans la moyenne européenne de l'immigration avec 12,8 % de personnes nées à l’étranger vivant sur son territoire. A titre de comparaison sur les 447,3 millions d’habitants des 27 pays de l’Union européenne en 2021, 55,4 millions sont nés dans un pays étranger, soit 12,4 % de la population totale.

Les nouveaux immigrés sont également plus jeunes, aux origines plus lointaines et également plus diplômés. La moitié des immigrés arrivant en France en 2019 ont moins de 26 ans et 43 % de ceux âgés de 15 ans ou plus sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 38% des immigrés en 2006.

Les motifs de venue en France aussi se diversifient. En 2007, plus de la moitié des premiers titres de séjour délivrés à des ressortissants de pays tiers, toutes durées confondues, l’étaient pour motif familial. Un taux qui baisse à 32% en 2021. Entre 2007 et 2021, les parts de premiers titres de séjour pour motif économique, humanitaire et étudiant augmentent et pour la première fois en 2021, l’immigration étudiante passe devant l’immigration familiale.

13 départements regroupent la moitié de la population immigrée

La répartition des immigrés en France est très inégale. Ils sont surreprésentés dans les agglomérations urbaines, pour des raisons d'attractivité économique. C'est notamment le cas en Île‑de‑France, et dans les agglomérations lyonnaise et marseillaise. La proportion d'immigré atteint 20% à Paris et 32% en Seine‑Saint‑Denis.

Les immigrés sont également surreprésentés dans les départements frontaliers de pays étrangers, comme en Guyane (28 % de la population), dans les Alpes‑Maritimes (15 %) ou encore dans le Haut‑Rhin (13 %). Ainsi, 13 départements regroupent la moitié de la population immigrée.

Les immigrés défavorisés sur le marché du travail

Les immigrés sont plus éloignés du marché du travail que le reste de la population, selon l'Insee. En 2021, si les hommes immigrés âgés de 15 à 64 ans ont un taux d’activité de 80%, soit plus important que leurs homologues ni immigrés ni descendants d’immigrés, celui des femmes immigrées est inférieur de 10% à celui des femmes sans ascendance migratoire.

Lorsqu’ils sont actifs, selon l'étude, femmes et hommes immigrés sont aussi plus souvent au chômage. En 2021, parmi les personnes actives de 15 à 74 ans, 14% des femmes immigrées et 12% des hommes immigrés sont au chômage, contre 7% des femmes et hommes dans le reste de la population.

Les immigrés occupent également plus souvent des emplois moins qualifiés, avec des rémunérations moindres et des conditions de travail plus difficiles. Par exemple, 39% des hommes immigrés en emploi sont ouvriers, contre 29% dans le reste de la population. Les immigrés sont par ailleurs surreprésentés dans les métiers dits "essentiels au quotidien". Ainsi, ils ont pour beaucoup d’entre eux continué à travailler pendant les différents confinements liés à la crise sanitaire.

Le faible niveau de diplôme des immigrés par rapport aux personnes non immigrées explique en partie ces disparités sur le marché du travail : 38% des immigrés n’ont aucun diplôme, contre 16% des personnes non immigrées. Certains immigrés ont aussi obtenu un diplôme à l’étranger qui peut ne pas être reconnu en France.
Les immigrés sont deux fois plus souvent touchés par la pauvreté

Conséquence directe : les immigrés sont deux fois plus fréquemment en situation de pauvreté monétaire que l'ensemble de la population. Le taux de pauvreté monétaire des immigrés est de 32%, soit deux fois plus élevé que pour l’ensemble de la population. Les niveaux de vie moyens des immigrés africains et asiatiques sont les plus faibles, et ces personnes ont les taux de pauvreté les plus élevés.

A cause de ces faibles revenus, les immigrés rencontrent des difficultés sur le marché du logement. Ils accèdent moins souvent à la propriété. En 2019‑2020, seulement 32% des immigrés en France métropolitaine sont propriétaires de leurs logements, contre 59% dans le reste de la population française. Ils sont donc le plus souvent locataires du secteur social et 23% vivent dans un quartier prioritaire. Enfin, les immigrés occupent en moyenne des petits logements. Plus d’un immigré sur quatre habite dans un logement suroccupé, contre environ une personne sur huit pour l’ensemble de la population de 18 à 59 ans.

Ces inégalités sont aussi visibles quand on examine l'état de santé des immigrés. Beaucoup d'entre eux souffrent de problème de santé, notamment mentaux. En 2019, 11 % des femmes et 10 % des hommes déclaraient être en mauvaise ou très mauvaise santé, 7% des femmes disaient souffrir de dépression.
La mobilité sociale importante chez les descendants d'immigrants

Cette précarité a cependant tendance à évoluer pour les descendants d'immigrés. Nés en France et ayant fait leurs études en France, la deuxième génération de 30 à 64 ans atteint des niveaux d'éducation similaires à ceux du reste de la population mondiale. Ainsi, 40 % des descendants d’un seul parent immigré et 36 % des descendants de deux immigrés sont diplômés du supérieur en 2021. Les femmes descendantes d'immigrants sont plus diplômées que les hommes. Ainsi, 33% des descendants de deux parents immigrés âgés de 30 à 59 ans vivant en France métropolitaine en 2019‑2020 sont diplômés du supérieur, contre 5 % de leurs parents.

Cependant, pour les descendants d’immigrés, comme pour les immigrés, les taux d’activité sont plus faibles et les taux de chômage plus élevés que pour l’ensemble de la population. Les emplois occupés par les descendants d’immigrés sont quasiment les mêmes que ceux du reste de la population. La rémunération moyenne des descendants d’immigrés reste néanmoins légèrement plus faible, mais cet écart disparaît à niveau de qualification équivalent.

Un sentiment de discrimination qui s'accentue

En revanche le sentiment de discrimination demeure chez les immigrés. Il s'accentue même pour les descendants d'immigrés qui ne sont pas d'origine européenne, par rapport à la première  génération. En 2019‑2020, 41% des descendants d’immigrés d’Afrique sahélienne de 18 à 59 ans et 46 % de ceux d’Afrique guinéenne ou centrale déclarent avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations dans les cinq dernières années.

Le premier contexte de discrimination reste le monde du travail. En 2019‑2020, 13% des immigrés et descendants d’immigrés déclarent avoir subi des traitements inégalitaires lors d’une recherche d’emploi ou sur leur lieu de travail, contre 9% des personnes ni immigrées ni descendantes d’immigrés.

  Source : radiofrance

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