Des scientifiques jouent à Dieu en construisant l'ADN humain de toutes pièces
Par Futurism .Publié le
2025/08/03 13:15
Les sciences biologiques ont réalisé des avancées stupéfiantes au cours des dernières décennies, notamment en matière d'édition génique précise. Cela pousse désormais les scientifiques à s'attaquer à l'étape suivante, logique mais intrinsèquement controversée : la fabrication de l'ADN humain à partir de zéro.
Le premier chromosome humain synthétique en projet
Les détails sont encore un peu vagues, mais une équipe de scientifiques au Royaume-Uni a lancé un nouveau projet visant à construire ce qu'ils décrivent dans un communiqué comme le premier chromosome humain synthétique.
Les scientifiques espèrent que ce projet quinquennal sur le génome humain synthétique permettra de mieux comprendre les éléments constitutifs essentiels de la vie humaine et de trouver des pistes pour guérir des maladies et des affections génétiques débilitantes. Il ne s'agit donc pas pour eux de créer la vie à partir de rien, à la manière d'un dieu, un scénario pourtant bien usité dans de nombreux films de science-fiction.
Jason Chin, professeur de biologie à l'Université d'Oxford et l'un des responsables du projet, a déclaré : "La capacité à synthétiser de grands génomes, y compris des génomes pour des cellules humaines, pourrait transformer notre compréhension de la biologie du génome et modifier profondément les horizons de la biotechnologie et de la médecine."
L'organisation médicale à but non lucratif Wellcome Trust apporte un financement initial de 13,7 millions de dollars pour ce projet. Il s'appuie sur le succès du projet de cartographie de l'ensemble du génome humain, également financé par Wellcome, selon la BBC.
Des défis complexes et des questions éthiques épineuses
La fabrication de génomes synthétiques n'est pas une entreprise entièrement nouvelle. En 2010 déjà, des scientifiques sont parvenus à créer de toutes pièces le génome complet d'une bactérie simple, puis à insérer son matériel génétique dans une cellule vide d'une autre bactérie, créant ainsi quelque chose d'entièrement nouveau qu'ils ont astucieusement baptisé "Synthia". Des scientifiques ont également synthétisé des cellules virales et de levure dans d'autres recherches.
Cependant, un génome humain représente une toute autre proposition. D'une part, il implique un organisme infiniment plus complexe que de simples bactéries. D'autre part, les préoccupations éthiques abondent. Toute allusion à la manipulation de l'ADN humain évoque les spectres des "bébés sur mesure" et de l'eugénisme.
En raison de ces inquiétudes, le projet intègre une composante de recherche sociale. Le communiqué de recherche précise : "Au cours des cinq prochaines années, l'équipe entreprendra une investigation transdisciplinaire et transculturelle sur les implications socio-éthiques, économiques et politiques de la synthèse des génomes humains."
Cette phrase semble un peu vague, aussi nous suivrons ce projet de près pour en voir les manifestations plus concrètes.
À l'issue des cinq ans, les responsables du projet espèrent avoir un chromosome humain achevé. Ce sera un pas de géant pour le progrès biologique, mais il ne fait aucun doute que de nombreuses questions éthiques devront être débattues. À commencer par : quel est le sens de la vie, si nous pouvons la fabriquer nous-mêmes ?
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