Le genou du mouton : la fin d’un calvaire pour des millions de patients ?
Par Maggie Harrison Dupré .Publié le
2025/12/31 11:37
Des chercheurs de l’université Northwestern ont mis au point un « hydrogel » révolutionnaire capable de régénérer le cartilage du genou. Cette découverte majeure pourrait transformer la prise en charge des articulations et permettre, à terme, d’éviter les prothèses de genou, des interventions lourdes, coûteuses et invasives.
Le cartilage, ce tissu conjonctif essentiel qui protège les articulations et absorbe les chocs, possède un défaut majeur : il ne se régénère pas naturellement chez l’adulte. Une fois usé ou endommagé, le frottement des os devient insupportable, condamnant souvent les patients à une chirurgie de remplacement total. Une solution efficace, certes, mais qui exige une convalescence éprouvante.
C’est ici qu’intervient cette substance biomimétique d’un genre nouveau.
Une prouesse de bio-ingénierie
Dans une étude publiée cette semaine dans la revue PNAS, les scientifiques détaillent l'invention d’un matériau caoutchouteux capable de mimer la structure chimique du cartilage. Testé sur des moutons — dont l’articulation du genou présente des similitudes frappantes avec celle de l’humain — cet hydrogel a produit des résultats spectaculaires : en seulement six mois, une croissance cartilageuse inédite a été observée chez les sujets.
« Le cartilage est un pilier de la mobilité », explique Samuel Stupp, professeur à Northwestern et directeur de l’étude. « Lorsqu’il se dégrade, c’est toute la santé globale et l’autonomie de la personne qui sont impactées. Notre thérapie parvient à induire une réparation dans un tissu normalement incapable de cicatriser seul. »
Un « échafaudage » intelligent
Contrairement aux implants classiques, cette substance fonctionne comme un échafaudage moléculaire. Composée de peptides et de polysaccharides, elle capture une protéine naturelle (le TGFb-1) pour stimuler la régénération cellulaire de l’intérieur. Le gel contient également de l’acide hyaluronique pour lubrifier l’articulation dès l’injection.
L’objectif ? Permettre au corps de se reconstruire lui-même. Selon le professeur Stupp, ce nouveau cartilage serait plus résistant à l’usure, offrant une solution pérenne qui éviterait l’installation de matériel chirurgical lourd (plaques et vis).
Vers des applications humaines
Si les tests sur les ovins sont concluants — avec un cartilage régénéré d’une qualité supérieure à la normale — les chercheurs restent prudents quant au passage à l’homme. Toutefois, l’enthousiasme est palpable. Au-delà du vieillissement, cette technologie pourrait sauver la carrière d’athlètes victimes de ruptures ligamentaires ou soulager les personnes souffrant de maladies dégénératives comme l’arthrose.
Le genou du mouton ne semble donc être que la première étape d’une révolution médicale qui s’apprête à changer la vie de millions de personnes.
Notez ce sujet