Kill Switch : Firefox cède face à la colère des utilisateurs et permet de désactiver l'IA
Par Victor Tangermann .Publié le
2025/12/28 16:21
La révolte contre l'invasion de l'intelligence artificielle dans chaque recoin de l'informatique gagne du terrain. Face à un déferlement de contenus générés par IA — souvent qualifiés de « slop » (contenus de piètre qualité) — qui polluent les flux d'actualités, la technologie commence à être perçue comme une distraction massive. Une grande partie des internautes exprime aujourd'hui son désenchantement, voire une colère noire.
À titre d'exemple, de nombreux utilisateurs de Windows ont refusé la mise à jour après l'annonce par Microsoft d'un système d'exploitation tourné vers les « agents intelligents ». Aujourd'hui, même les bastions de l'open-source ne sont plus épargnés. Anthony Enzor-DeMeo, le nouveau PDG de Mozilla — dont le navigateur Firefox a longtemps été salué comme l'alternative crédible à Chrome et Safari — a annoncé une accélération massive de l'intégration de l'IA.
Une levée de boucliers immédiate
Dans un billet de blog publié le 16 décembre, Enzor-DeMeo affirmait que Firefox deviendrait un « navigateur IA moderne ». Mais le retour de bâton a été si violent que l'entreprise a dû passer en mode gestion de crise.
« Je n'ai jamais vu une entreprise aussi incroyablement déconnectée des personnes qui utilisent son logiciel », a tweeté un utilisateur désabusé. Un autre déplore : « Je suis revenu sur Firefox l'année dernière précisément parce que c'était le dernier navigateur sans IA. J'aurais dû m'en douter. »
Le « Kill Switch » : l'arme de dernier recours
Face à la force de la contestation, Mozilla a dû clarifier ses intentions sur le réseau Mastodon : « Un point n'a pas été précisé : Firefox proposera une option pour désactiver complètement toutes les fonctionnalités d'IA. En interne, nous appelons cela le "AI Kill Switch" (le bouton d'arrêt d'urgence). Le nom commercial sera sans doute moins radical, mais cela montre à quel point nous prenons la volonté des utilisateurs au sérieux. »
Une lettre ouverte publiée sur Reddit a également fustigé cette nouvelle direction : « Ironiquement, un message prônant "le choix et l'autonomie" ne mentionnait quasiment pas l'avis des utilisateurs. Firefox n'a pas besoin de devenir Google ou Microsoft pour réussir ; il est aimé précisément parce qu'il ne l'est pas. »
Une tentative de calmant qui attise le feu
Pour tenter de rassurer les puristes, Enzor-DeMeo est intervenu personnellement : « Soyez rassurés, Firefox restera toujours un navigateur construit autour du contrôle de l'utilisateur. Cela inclut l'IA. Vous aurez un moyen clair de désactiver ces fonctions. Un véritable "kill switch" arrivera au premier trimestre 2026. »
Cependant, cette réponse a eu l'effet inverse. Un utilisateur a vivement répliqué : « Si un "bouton d'arrêt" est le mode de contrôle officiel, alors l'organisation doit cesser de prétendre que l'IA est optionnelle (opt-in). C'est clairement une fonction imposée qu'il faut désactiver soi-même (opt-out). Si Mozilla ne peut pas accepter cette définition de base, comment les utilisateurs peuvent-ils avoir confiance ? »
Le contre-pied de Vivaldi
Pendant ce temps, la concurrence observe et agit différemment. Jon von Tetzchner, PDG de Vivaldi, accuse Google et Microsoft de « transformer la barre d'adresse en un simple champ de commande pour assistant, transformant la joie de l'exploration en une passivité de spectateur ».
Sa position est tranchée : « Nous continuerons à bâtir un navigateur pour les esprits curieux et ceux qui valorisent l'autonomie. Si l'IA peut contribuer à cet objectif sans voler de propriété intellectuelle ni compromettre la vie privée, nous l'utiliserons. Si elle transforme les gens en consommateurs passifs, nous nous en passerons. »
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