L'intelligence artificielle menace le travail freelance
Par Futurism .Publié le
2025/03/08 22:04
La nature du travail a connu une transformation radicale ces dernières années, le travail indépendant s'imposant comme une réalité tangible sur le marché du travail mondial. Autrefois apanage des jeunes écrivains ambitieux et des concepteurs web audacieux, il est devenu une option courante pour des milliards de travailleurs à travers le monde. Cette expansion croissante est due à divers facteurs, notamment les changements économiques et technologiques qui façonnent notre époque. Cependant, les travailleurs indépendants sont désormais confrontés à un défi particulier : l'intelligence artificielle.
En 2009, les conséquences de la Grande Récession ont contraint des milliers de professionnels au chômage à se tourner vers le travail indépendant pour subvenir à leurs besoins. En 2024, on dénombre plus de 76 millions d'Américains travaillant en freelance, contre 64 millions en 2023. Cela représente plus de 36 % de la population active, un chiffre qui devrait dépasser les 50 % d'ici 2028, principalement en raison des pratiques d'embauche axées sur la réduction des coûts.
Bien que les groupes de réflexion soutenus par Wall Street et les entreprises du Fortune 500 vantent les mérites du travail indépendant comme étant "l'avenir du travail", les experts en droit du travail mettent en garde contre le danger de ce précédent, qui permet aux entreprises de contourner les lois du travail et de minimiser les avantages sociaux.
Alors que les articles optimistes laissent croire que les travailleurs et les employeurs privilégient ces arrangements "flexibles", ils deviennent de plus en plus le seul choix pour de nombreux travailleurs qui préféreraient un emploi à temps plein.
Le travail indépendant involontaire est déjà assez difficile, mais une étude récente menée par des chercheurs de l'Université de Washington et de la Stern School of Business de l'Université de New York met en lumière une nouvelle difficulté : la prolifération de l'intelligence artificielle. Alors que le discours officiel prétend que l'IA automatisera les tâches répétitives et "non qualifiées" pour permettre aux humains de se consacrer à un travail plus réfléchi, la réalité semble être tout autre.
L'étude révèle que "pour chaque augmentation de 1 % des revenus antérieurs d'un travailleur indépendant, il subit une baisse supplémentaire de 0,5 % des opportunités d'emploi et une diminution de 1,7 % de son revenu mensuel suite à l'introduction des technologies d'IA". En bref, si l'IA d'aujourd'hui est une indication, celle de demain réduira à néant autant d'emplois hautement qualifiés que d'emplois peu qualifiés.
C'est une preuve convaincante que la course effrénée des géants de la technologie vers un avenir dominé par l'IA continue d'être une voie à sens unique dans notre environnement de travail actuel.
Bien que l'IA soit loin de la libération promise par les magnats de la technologie, elle est déjà utilisée pour siphonner l'argent des travailleurs au profit des propriétaires d'entreprises.
L'étude souligne que l'IA n'est pas une solution miracle aux problèmes du marché du travail actuel, et que quiconque prétend le contraire est soit trompé par les promesses des géants de la technologie, soit complice depuis le début.
Qu'il s'agisse de travail indépendant ou à temps plein, le contrôle de l'IA reviendra en fin de compte à ceux qui dominent l'environnement de travail actuel. Cependant, quelques syndicats bien organisés s'opposent à ce sombre avenir et revendiquent leur droit à un travail de qualité.
En octobre dernier, par exemple, une grève militante des dockers a retardé l'automatisation des ports américains, un développement qui aurait détruit des milliers d'emplois bien rémunérés. Plus tôt en avril, des centaines de membres de la California Nurses Association ont réussi à empêcher l'administration hospitalière de déployer à la hâte une technologie d'IA bâclée.
À l'Université de Boston, des étudiants diplômés et des professeurs en grève, membres du syndicat Service Employees International Union Local 509, ont contraint l'administration à faire marche arrière après avoir suggéré que l'IA pourrait remplacer le travail des enseignants pendant qu'ils se mobilisaient pour de meilleures conditions de travail.
La tâche ne sera pas facile, en particulier pour les travailleurs contractuels et indépendants. Mais il est clair que la dystopie de l'IA est déjà là, dégradant activement les conditions de travail. La seule question qui se pose est : que ferons-nous à ce sujet ?
Source : Futurism
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