Une controverse mettant en cause le Musée du quai Branly et le Musée Guimet, à Paris, soulève la question des possibles ingérences du régime de Pékin, décidé à supprimer toute mémoire d’un pays jadis indépendant.
La polémique suscitée par la parution dans Le Monde, le 31 août, d’une tribune écrite par d’éminents tibétologues et sinologues français affirmant que deux grands musées nationaux ont « courbé l’échine » devant les « desiderata » de Pékin, à propos de l’exposition d’objets d’art tibétains, continue de faire des vagues dans les milieux concernés.
Cette tribune, qui accusait le Musée national des arts asiatiques-Guimet et celui du quai Branly-Jacques-Chirac, à Paris, d’avoir, pour complaire à la Chine, « effacé » de leurs salles le nom de « Tibet » (qui fut, au cours de sa longue histoire, un royaume indépendant ou semi-indépendant avant son invasion par les soldats maoïstes en 1950), provoque de nouveaux remous : le président du gouvernement tibétain en exil, qui siège dans la ville de Dharamsala, en Inde, a envoyé une lettre de protestation aux ministères de la culture et des affaires étrangères, à la maire de Paris ainsi qu’aux musées mis en cause.
« Je vous écris pour vous exprimer ma plus vive préoccupation et ma déception en ayant appris que [ces deux musées] utilisent [la dénomination chinoise de] “Xizang” et de “Monde himalayen” au lieu de “Tibet” [pour présenter] leurs collections d’art tibétain », souligne le sikyong (« président ») Penpa Tsering. Selon le représentant élu de l’instance tibétaine en exil, « non seulement le terme de “Xizang” déforme l’histoire du Tibet en tant que nation indépendante, mais il soutient aussi les efforts en cours de la part du gouvernement chinois visant à supprimer l’identité tibétaine ».
Source : Le Monde
Notez ce sujet